Débuter dans le Modulaire [Ep2 : Tester avant d'acheter]

Publié le 27 mars 2025 à 12:12

Ai-je vraiment envie d’un modulaire ? Excellente question qu’il faut se poser avant d’aller plus loin. Et il est difficile d’y répondre en toute connaissance de cause sans avoir commencé à se frotter aux arcanes du CV/gate.

 

Fort heureusement, il est aujourd’hui possible de se faire une bonne idée de la manière de travailler en modulaire, que ce soit avec un système physique ou sur du modulaire virtuel.

 

VCVRack, passage obligé .

 

Le logiciel VCVRack est, définitivement, un passage obligé avant d’acheter son premier rack. Même si l’aspect pilotage à la souris peut rebuter et semble en totale contradiction avec le feedback physique et immersif d’un synthétiseur physique, VCV permet, sans dépenser le moindre centime, de toucher du doigt très rapidement les concepts de base et les difficultés inhérentes au modulaire.

 

Ce logiciel, gratuit, permet de découvrir les bases, de se familiariser avec les modules, de tester des idées et, surtout, de décider si vous aimez (ou pas) l’approche modulaire.

De nombreux modules réels sont disponibles dans le logiciel, bien souvent modélisés par leurs constructeurs, et il est possible de se créer, sans grande difficulté, n’importe quel rack en multipliant les fonctionnalités avec pour seule limite la capacité de votre ordinateur.

VCV est tellement bien fait que certains modularistes l’utilisent en complément de leur rack physique, voir produisent exclusivement sur le logiciel en profitant de la disponibilité quasi-illimitée de modules.

 

Pour les plus motivés, je conseille d'ailleurs la formation sawUP-Apprendre le synthétiseur modulaire qui utilise VCVRack. Comme toute formation sérieuse, elle demande de la motivation et un bon investissement personnel pour être profitable mais elle apporte une connaissance profonde et exhaustive de la synthèse modulaire.

N'hésitez pas non plus à regarder les excellentes vidéos d'Omri Cohen qui présentent quantité d'astuces et de bonnes pratiques dans VCVRack, mais qui sont parfaitement transposables à un rack physique. Sa formation disponible sur Gumroad est aussi une bonne porte d'entrée pour débuter si l'anglais n'est pas un problème.

 

Mon conseil est donc, avant d’aller plus loin, de passer quelques heures sur VCVRack et de bidouiller, de se créer des voix de synthèse simples, de tester les concepts de base et d’acquérir les connaissances essentielles : différence entre trigger et gates, comportement des enveloppes, compréhension de différents signaux et de leurs cheminements, utilisation des VCA…

 

L’intérêt de travailler sur cette plateforme est aussi de pouvoir utiliser les briques élémentaires de la synthèse modulaire (oscillateurs, filtres, enveloppes, VCA, LFO…) dans leur version la plus brute, débarrassés des fonctionnalités supplémentaires et de pouvoir y associer des outils de visualisation (oscilloscopes, vu-mètres…) permettant de comprendre précisément ce qui se passe en divers endroits du patch.

Ces compétences seront inestimables lorsque vous devrez réaliser un patch sans les visualisations de signaux.

 

VCVRack permet aussi de mettre en œuvre facilement les techniques proposées dans les nombreux tutoriaux disponibles sur le net sans avoir la possibilité de le faire en vrai sur un rack physique.

Pédagogiquement, l’intérêt de pratiquer VCVRack avant de passer sur la conception d’un rack physique me parait donc essentiel. Cela permet d'identifier ses propres besoins et, surtout, de comprendre l'intérêt de modules à première vue inutiles mais qui sont essentiels comme les divers utilitaires, les VCA ou les mixers.

 

Etape intermédiaire : le semi-modulaire

Avant d’investir quelques centaines d’euros dans un système modulaire, il peut-être judicieux d’acquérir auparavant un synthétiseur semi-modulaire.

Ces instruments, qui ne coutent pour certains que le prix d’un seul module, proposent une solution complète et jouable immédiatement à l'identique d'un synthétiseur classique. Les voix de synthèse sont pré-cablées en interne et peuvent donc être utilisée en l’état.

 

Leur intérêt est double :

  • La plupart des fonctions de synthèse sont accessibles directement comme sur un modulaire complet. On retrouve donc les mêmes sensations de manipulation du son sans avoir à passer au préalable par le laborieux travail de mise en place des câbles pour construire le patch.
  • Ils offrent la possibilité de détourner simplement le câblage interne pour modifier le cheminement des signaux et, de cette manière, travailler comme sur un modulaire.

Ce principe intermédiaire n’est pas nouveau. On le retrouve sur les célèbres ARP2600 sur le VCS3 d’EMS qui utilise une matrice de modulation plutôt que les câbles habituels.

 

Aujourd’hui, l’offre en semi-modulaire est importante et, pour moins de 500€, il est possible de s’équiper avec du matériel de qualité suffisante pour débuter.

EMS VCS3 - Crédit : Science Museum

 

En entrée de gamme, le choix se portera naturellement sur des semi modulaires à moins de 200€ chez Behringer : Crave, Edge ou Spice.

Un peu plus chers, mais plus complets, le Neutron, le Model 15 ou le Proton peuvent constituer une bonne porte d’entrée pour commencer à pratiquer la synthèse modulaire à moindre frais.

Ces machines ont bonne réputation et ont le mérite d’être compatibles avec la norme Eurorack. Il sera donc possible, ultérieurement, de les intégrer à un setup complet.

 

Le choix entre ces machines dépend du son recherché. En fonction du style de musique, il sera probablement judicieux de s’orienter vers l’une ou l’autre.

 

En augmentant le budget, et en tenant compte de la disponibilité aléatoire chez les revendeurs, il est possible d’acquérir, toujours chez Behringer, un clone d’ARP 2600. Cette machine pousse encore plus loin les possibilités et peut être considéré comme un système modulaire intégral avec un patch par défaut pré-cablé en interne. La seule réelle différence avec un rack, finalement, étant que les modules ne sont pas interchangeables.


Dans les autres marques, si on cherche des sons expérimentaux, la paire East Beast/West Pest de chez Cre8Audio propose une approche soit east coast, en synthèse soustractive (type Moog), soit west coast par synthèse additive (type Buchla). Ces deux machines offrent une bonne approche de l’une ou l’autre méthode de synthèse.

Chez Moog, enfin, il y a le Mavis, un synthétiseur monophonique rempli de bonnes idées dont le principal inconvénient est peut-être d’avoir des boutons trop petits pour pouvoir jouer confortablement avec précision.

 

Mais le rapport qualité/prix est excellent et pour ceux qui en douteraient, je vous conseille de jeter un œil à cette vidéo de Projet Home Studio dans laquelle Adrien refait la BO de Terminator avec ce petit synthé.

 

Comme vous pouvez le voir, s'initier à VCVRack, ou acquérir un petit semi-modulaire en préalable à l’achat d’un système complet n'est pas une perte de temps. Bien au contraire.

Cela permet de déterminer, à moindre cout, si cette manière de faire de la musique est adaptée à vos envies personnelles ou au style que vous souhaitez produire.

 


Cette approche rend aussi plus pertinente la réflexion préalable à la conception de son premier système.

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