Construire son premier rack modulaire est un parcours bien plus complexe que de choisir « le bon synthé ».
Au-delà de l’investissement budgétaire conséquent, la pratique du modulaire dépasse en effet de loin le simple fait de « faire de la musique » et nécessite de se poser des questions essentielles avant même de s’acheter son premier boitier et son premier module.

Fly, you fools !
Depuis quelques décennies, en particulier avec la création du système Eurorack par D.Doepfer à la fin des années 90, le synthétiseur modulaire est devenu beaucoup plus accessible au grand public.
Après une période de relative confidentialité, cette manière de créer du son issue des laboratoires et des studios expérimentaux a gagné en popularité et représente une alternative aux instruments habituels pour les home-studistes producteurs de musique électronique.
Pour l'anecdote, il arrive fréquemment que, dans les communautés de discussion portant sur le modulaire, le premier conseil donné aux débutants qui se demandent par quoi commencer est : « ne commencez pas ».
Derrière cette injonction en forme de boutade se cachent de réelles interrogations loin d’être triviales et qui, si elles ne sont pas abordées correctement, peuvent rapidement aboutir à une immense frustration accompagnée d’un sérieux trou dans le compte bancaire.
Cette petite série d’articles n’a donc qu’un seul objectif : accompagner ceux qui ont découvert le modulaire Eurorack et qui, fascinés par les possibilités entrevues, décident de se lancer dans l’aventure.
le but étant, modestement, d'essayer de leur éviter les erreurs classiques et de partir en toute confiance dans la meilleure direction : la leur.
Le modulaire, koikesse ?
Le synthétiseur modulaire est historiquement l’un des premiers dispositif permettant de créer des sons et d’en faire de la musique à l’aide de systèmes électroniques.
Si le premier synthétiseur modulaire commercial est proposé par Bob Moog en 1964, le principe de connecter entre eux des appareils aux fonctions précises pour générer des effets sonores était déjà utilisé dans les laboratoires tels que le BBC Radiophonic Workshop dès la fin des années 50.

Que ce soit le Moog Modular, ou la série 100 produite par Buchla en 1963, l’idée centrale reste la même : relier des briques élémentaires simples générant ou modifiant des signaux électriques. Ces signaux pouvant couvrir un large spectre, depuis de lentes modulations jusqu’aux fréquences sonores les plus les élevées.
Cette approche révolutionne le rôle du musicien qui, jusqu’à présent, devait se plier aux limites de son instrument : sonorités, timbres, tessitures…
Dans le meilleurs des cas, un instrumentiste peut chercher certaines caractéristiques particulières mais les contraintes physiques de l’instrument fixent en grande partie le son qu’il produit.
Avec un synthétiseur modulaire, il est théoriquement possible de fabriquer n’importe quelle onde sonore et donc, n’importe quel son. Tout dépend des modules utilisés et, surtout, de la manière de les relier entre eux.
Appréhender le modulaire doit donc se faire différemment des autres instruments dont les capacités sont fixées par la conception.
Pour schématiser la situation, le modulariste doit donc, en permanence, concevoir et construire son instrument en fonction de ce qu’il souhaite jouer et en trouvant des solutions parmi une infinité de possibilités.
Suite de l'article... Ai-je vraiment envie d'un modulaire ?
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